Les oubliés de la société. A propos du contrat d’hospitalisation.
Robert Wets

 


Photographie de Raymond Depardon

Je savais que de tels contrats étaient utilisés en Instituts psychiatriques sans que ce soit une règle générale. Le hasard a voulu que je puisse disposer d’un contrat récemment établi. Le voici, seuls les endroits signalés ont été supprimés.

Contrat d’hospitalisation

Moi, Madame X, m’engage, dans le cadre de mes soins, à accepter les conditions d’hospitalisation que nous avons décidés lors des rendez-vous de pré-admission, avec le docteur Z.
Cette hospitalisation prendra cours le 5/1/04.
Buts : Retour à domicile avec aides.
Moyens :
1) Hospitalisation à la ….., pour stabiliser l’état dépressif.
2) Hospitalisation en réhabilitation (avec un essai minimum d’un mois)

Au cours de l’hospitalisation à la ….., je m’engage à :
- Ne pas signer de décharge.
- Accepter le règlement de service (activités journalières, mise en place d’une grille d’activités)
- Ne pas être agressive, ni violente envers moi, le personnel ou les patientes.
- Accepter une protection (unité fermée) de courte durée en cas d’angoisse importante ou de risque de passage à l’acte.
- Verbaliser au personnel mes angoisses et mes moments de risque de passage à l’acte.
- Accepter de donner ma réserve de cigarettes au personnel
- Ne fumer qu’un paquet par jour maximum et à collaborer sur une réduction progressive de ma consommation.
- Recevoir ma réserve de cigarettes à partir de 9h30 et à rendre le restant à 22h30.

Si je ne respecte pas le contrat ci-dessus, j’accepte que l’équipe soignante mette un terme à mon hospitalisation, de repasser par les consultations et si nécessaire de réenvisager une hospitalisation minimum un mois après la sortie exigée.

Fait à …, le 30/12/03
3 signatures

Commentaires :
1. Ne pas signer de décharge. Voilà qui est contraire à l’art. 3 de l’A.R. du 26/6/1990 sur la protection des malades mentaux. « … le malade entré librement dans un institut psy. peut le quitter à tout moment ».
2. Quid de l’agressivité du malade nourrie par le ou les soignants qui lui manquent de respect ou qui veulent le dominer ?
3. Il est rare qu’un malade qui veut se suicider en parle aux soignants, surtout si le courant ne passe pas entre lui et les soignants.
4. Le malade isolé (70% sont abandonnés par leur famille), s’il est en institution depuis des années (un patient sur 5 y séjourne depuis 30 ans), a perdu sa personnalité et ne comprendra pas bien le pourquoi d’un contrat. Les risques d’exclusion existent.
5. Le malade qui aurait tenté de se suicider sans prévenir, peut être exclu, d’après le contrat ! On néglige donc les règles d’éthique relatives au cas d’une tentative de suicide « … il est impératif de s’occuper par priorité du malade à son réveil… ». Cela se trouve dans le livre du regretté Michel Declercq, professeur et psychiatre de réputation internationale « Urgences psychiatriques et interventions de crise » - Collection de l’oxalis.Le 14/2/2000, j’ai conduit Francine, une malade qui avait fait une tentative de suicide, au CHR de la région. Elle m’avait téléphoné pour me dire qu’elle était à la rue, après avoir reçu une piqûre avant de se retrouver au cabanon d’isolement. J’ai téléphoné au psychiatre, il n’a pas voulu la reprendre. Il a dit « conduisez la au CHR, je la reprendrai dans 8 jours !! ». Au CHR, l’infirmière de liaison s’est bien démenée mais il n’y avait pas de chambre disponible en psy. La malade a trouvé une place en home. ON A PRIS DES RISQUES A CAUSE DE LA MAUVAISE VOLONTE DES SOIGNANTS !
En 1996, Francine a été exclue d’un institut psychiatrique où elle se sentait bien, pour rupture de contrat. Elle a été envoyée dans un home pour vieillards. En plus d’un manque d’hygiène, elle a été maltraitée. Ma plainte a permis une enquête. On a fermé le home, tous les occupants ont été recasés ailleurs !Lors de journées d’étude sur la psychiatrie, en 1994, un éminent psychiatre, professeur d’université, a déclaré « les malades mentaux sont oubliés par la société depuis un siècle ». Cela est vrai pour plusieurs pays d’Europe.Des scandales… !
Francine et sa soeur jumelle Dominique, sont rentrées dans le circuit psychiatrique en 1976, à l’âge de 13 ans. Victimes de leurs parents proxénètes, qui les ont prostituées à l’âge de 8 ans, dans la cave de la maison familiale. Battues en cas de rébellion ! Un médecin requis pour soigner une blessure, les a sorties de là. Hélas d’un home pour jeunes, elles ont été envoyées en psychiatrie. En 28 ans de présence, elles ont connu une dizaine d’instituts, des surdose de médicaments, des séjours au cabanon (parfois 3 mois) liées sur leur lit, parfois sans interventions pour les besoins hygiéniques. Dès lors, il y a eu des tentatives de suicides, des auto-mutilations. Francine s’est suicidée en novembre 03. Quant à sa soeur, elle a beaucoup d’ennuis de santé. Il est inconcevable que ces 2 gamines aient été maltraitées dans les conditions précitées sans que la société n’intervienne.Dans La Libre Belgique du 26 février, on peut lire qu’une enquête est ouverte sur un scandale dans un institut roumain. 17 malades mentaux morts de faim !
Pendant la guerre 40-45, on a rationné sévèrement la nourriture dans les institus psychiatriques de certains pays. Dans le journal Le Monde du 17/10/03, on peut lire que 50000 malades mentaux sont morts de faim, sous le régime de VICHY !Dans Le Soir du 22/2/99, on signale qu’en Suède, plus de 200 malades mentaux seraient morts de faim dans les années 40, que des milliers d’autres avaient été stérilisés.LE SILENCE REGNE. LA SOCIETE NE VEUT PAS SAVOIR !
Deux quotidiens ont refusé mes textes. Deux échecs aussi à la télévision. Alors un de mes amis a fait le nécessaire sur internet. La SOCIETE DOIT SAVOIR que les conditions de vie actuelle amènent de plus en plus de gens normaux aux consultations psychiatriques. J’ai déjà rencontré des enseignants en institution psychiatrique.Une bonne chose : La circulaire du Ministre Detienne, aux hôpitaux psychiatriques de la Région Wallonne, datée du 20/02/03. Elle est à citer en exemple. Il faudra être vigilant car certains soignants habitués à manquer de respect aux malades, vont être réticents.
Robert Wets
Administrateur de l'ASBL "VMEH"
Visites aux malades dans les établissements hospitaliers
contact :

 

 

Les listes noires en psychiatrie
Robert Wets

 


Photographie de Raymond Depardon

Qu'entendons-nous par là? C'est le système qui consiste à faire savoir à un collègue, qu'un malade est dérangeant par son comportement. Après 2 ou 3 transferts, sa réputation sera faite et il sera de plus en plus difficile de trouver un institut qui l'accepte. Ce malade se retrouvera parfois en Maison de repos pour personnes âgées! C'est arrivé avec 2 malades que je visitais depuis 1987. En Wallonie, il semble qu'ils soient 600 à se trouver dans ce cas. Ces maisons ne sont ni agrées, ni interdites. Pas de contrôle!
Dans "Le Soir" du 19/10/90, on apprend que le Président du Conseil d'administration d'un institut psychiatrique a porté plainte au Procureur du Roi, outré du refus d'un médecin de soigner une malade perturbée qui se trouvait sur une liste noire!
Récemment, il y a le reportage authentique de Benoit Dervaux sur la "Devinière." Le même journal en a parlé (13/10/2000) ...C'étaient 19 enfants réputés incurables, REFUSES PARTOUT ... A ces gosses qui à 15 ans, avaient déjà fait l'expérience d'une vingtaine détablissements, de cellules d'isolement capitonnées, comme des menottes accrochées au plafond! Michel HOCK, le fondateur a promis de ne les rejeter sous aucun prétexte.
Moralité : certains soignants ne veulent soigner que des malades DOCILES.

Quelles en sont les victimes?
a) des malades ayant pratiqué l'auto-mutilation, sans aller jusqu'au suicide. C'est un appel au secours, cela veut dire "OCCUPEZ-VOUS DE MOI"
Cela peut aller de la simple coupure avec une lame de rasoir aux coupure répétées sur les bras et les jambes. Il y a aussi des brulûres avec un briquet.
Pire, avaler une lame de rasoir coupée en deux ou un thermomètre coupé en deux. Cela arrive aussi avec des aiguilles. J'ai vécu cela avec deux de mes malades.
b) des malades ayant effectué plusieurs tentatives de suicide.
c) des malades éprouvant le besoin de parler, recherchant le dialogue avec n'importe quel soignant, avec un visiteur; et cela tous les jours...C'était le cas avec un malade que je visitais depuis 1988. Il n'avait peur de rien. Il lui arrivait de pénétrer dans le bureau de l'assistante sociale, sans y être invité. Mais ce qu'il ne supportait pas c'est qu'on se moque de lui, qu'on l'humilie. Provoqué, il pouvait devenir violent. Il s'est battu à plusieurs reprises.
Par contre, il voulait aider les autres. Il y a une dizaine d'années, il m'avait demandé de rendre visite à un aveugle, qui n'avait aucune visite.
Transféré en Wallonie, il me demande d'intervenir, parce qu'une équipe de nuit s'amuse à transporter des malades endormis dans le but, de les plonger dans une baignoire d'eau froide! (je dépose plainte) Peu de temps après, il sera transféré ailleurs. Puis, son dernier transfert sera pour une Maison de repos pour personnes âgées, à Grâce-Hollogne. Pédro est heureux et il le dit. Le patron s'occupe de lui, le courant passe. A chacune de mes visites, Pédro me demandera du chocolat pour les pensionnaires, avec qui, il bavarde. Hélas, à 40 ans à peine, il décédera d'une crise d'épilepsie! Peu de temps avant, j'étais intervenu, auprès de deux instituts de la Région bruxelloise, il avait séjourné. Refus catégorique des deux Directions.
J'oubliais, une de mes malades, qui se trouvait dans un bon institut, a étéenvoyée dans une Maison de repos. Motif: Elle avait rompu son contrat! je n'ai pas compris et la malade non plus. Pire, dans cette maison, travaillait une assistante sociale, qui était au courant de la plainte relative au scandale de la baignoire précité. Elle influencera la patronne et l'accès me sera interdit. La malade arrivera à téléphoner à ma femme et expliquer les mauvais traitements et le manque d'hygiène. Plainte sera déposée (je ne serai pas le seul). Après enquête, cette maison sera fermée et les occupants évacués ailleurs.

Que dit la LOI? (Loi du 26/6/90)
L'article 18 dit que le malade peut s'opposer à un transfert. Mr Tavernier, Ministre de la Santé, m'a confirmé que cet Arrété, s'appliquait aux malades envoyés par la justice et aux malades entrés librement. Il y a une marche à suivre pour les premiers, quant aux malades volontaires, ils devront s'adresser à la Médiation. (lettre du Ministre du 14/02/03, Mr le Ministre de la Justice, Mr Verwilghen, n'avait pas répondu à ma lettre du 12/2/02).

Quels sont les responsables?
Le psychiatre responsable de l'unité, s'il n'y a pas d'autre motif pour le transfert que le fait qu'un malade soit dérangeant!
Informations à retenir
a) Le Rapport du Comité Européen pour la Prévention de la Torture, lors de sa visite en novembre 2001, dans un institut psychiatrique de la Région bruxelloise est très clair!
"...chambre d'isolement équipées de 2 lits, auxquels étaient fixées en permanence des sangles de contention ....dans certains cas particuliers, des moyens de contention physique ont été appliqués à des patients pendant une période totalisant 120 à 180 jours, sur une année civile! Le CPT se doit de souligner qu'appliquer des jours durant des moyens de contention à un patient ne peut avoir aucune justification médicale et s'apparente, à son avis à un mauvais traitement! Le CPT signale encore que suivant les inforamtions recueillies par la délégation, l'utilisation fréquente des moyens de contrainte physique, serait liée à une tradition propre à l'établissement, enraçinée de longue date, à un manque de personnel suffisant dans les Unités et au manque de qualification/formation de certains de ses membres.
AHURRISSANT! CE QUI PRECEDE MONTRE BIEN QUE LE SILENCE REGNE AUTOUR DU MONDE PSYCHIATRIQUE ET QUE DES UNITES FONCTIONNENT EN INFRACTION AVEC LA LOI SUR LA PROTECTION DES MALADES MENTAUX ET QU'UN MANQUE DE SANCTIONS APPARAIT.
b) Témoignage de Mme ABELOOS, responsable à l'époque de l'inspection en psychiatrie. Lors des journées d'étude des 2 et 3/12/94. Elle a dit, "l'Inspection en Psychiatrie médicale est prévue par la LOI. Elle doit surveiller le sort des malades dans les cabanons..ET CETTE INSPECTION N'A PAS LIEU!"
c) Extraits d'un colloque de l'ASBL "SIMILES" le 3/4/95. Le regretté psychiatre Michel Declercq a dit que "les résultats d'une étude sur plusieurs années, en collaboration avec des instituts étrangers, étude portant sur 2344 malades, ces résultats étaient :

Conséquences pour les malades:
Le malade qui est décédé d'une crise d'épilepsie, avait été transféré 5 fois en un an avant de se trouver sur une liste noire.
Se trouver sur un liste noire perturbe encore plus le malade, rejeté par certains soignants qui le considèrent comme un objet. Malade, qui trop souvent tourne en rond dans son unité, par manque d'activités suffisantes. 70% abandonnés par leur famille (la présomption de démence joue) ajoutez les erreurs et les surdoses, vous comprendrez que le malade va passez beaucoup plus de temps en psychiatrie, qu'il va se dépersonnaliser et sera perdu par la Société! Dans "LE SOIR" du 27/7/90 "Réforme de la psychiatrie : les hopitaux doivent devenir des lieux de passage. Trop de malades mentaux ont été enfermés à VIE."
QUID de l'avenir? Madame AELVOET a raison, dans 10 ans la population psychiatrique va doubler. Alors, il faudra être sévère. Il faut un service d'inspection INDEPENDANT du système, tel que décrit Mme Abeloos. Les sanctions en cas de traîtements dégradants doivent être appliquées. Les soignants coupables doivent être déplacés.

Bonnes nouvelles : La circulaire du Ministre Detienne, aux hopitaux psychiatriques de la Région Wallone est à citer en exemple. L'application ne se fera pas sans mal.
Mr Tavernier m'a confirmé que l'A.R. du 26/6/90 est applicable à tous les patients, volontaires ou envoyés par la Justice.
J'ai souvent dénoncé ce qui n'allait pas. Un malade a été transféré dans une Maison de soins psychiatriques de la Région bruxelloise (pas loin de la fin de l'Avenue Franklin Roosevelt à Bruxelles). Cette MSP est à citer en exemple, la chaleur humaine est présente les soignants sont aimables avec tout le monde, coin "Fumeur" cafétaria sympathique, "non fumeur" Messe chantée le Vendredi. Occupations variées et nombreuses. Mon ami, l'aveugle (je lui rends visite depuis 1991) m'a dit "j'étais en enfer, je suis au Paradis" son grand plaisir faire de l'équitation....

Robert Wets
Administrateur de l'ASBL "VMEH"
Visites aux malades dans les établissements hospitaliers
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note sur l'isolement et l'entravement des patients en hôpital psychiatrique
Robert Wets

 


Photographie de Raymond Depardon

Un document intéressant vient de me parvenir à ce sujet. Il s’agit de la page 16 d’un bulletin de l’ASBL "SIMILES" relative à une réunion de familles avec 2 cadres de TITECA, le 2/2/98. A retenir: "…L’indignation des familles persiste surtout lorsque leur malade a été gravement perturbé par une mesure d’isolement." et les mesures d’isolement pourraient être réduites si le personnel était plus nombreux" Ben voyons !
Voir la Carte blanche que j'ai rédigée dans le Bulletin de l'ASBL "L'AUTRE LIEU" de Décembre 2001. La recommandation 1235 du Conseil de l'Europe de 1994 stipule entre autres "Le personnel soignant doit être en nombre suffisant et avoir une formation adaptée à ce type de malade" Il y a nécessité de respecter cela. Hélas, le Budget...

Je rapelle que depuis 1987, je visite régulièrement 7 malades abandonnés par leur Famille. Par suite de transferts imposés en majorité, j'ai visité à ce jour, dans les 3 régions, 28 instituts psychiatriques et 2 maisons de soins psychiatriques. Un pavillon peut être néfaste pour les malades et les 3 pavillons voisins, bons.

Voici quelques exemples de punitions subies par mes malades:
A)Cas de Francine (reportage émouvant de son cas dans le journal "Le SOIR" du 10/10/98). Victimes avec sa soeur Dominique de parents pédophiles. Un établissement va la transférer dans un hôpital en Flandres. Elle a 12 ans. Endormie par les médicaments, elle se réveillera, en isolement, liée à son lit. Ensuite, elle subira des électrochocs! Elle ne ne reconnaîtra pas sa soeur, qui est arrivée à la retrouver 8 jours après. Puis, elle sera transférée en région Montoise, dans un établissement dirigé par des religieuses.
Le 1° jour, la religieuse-chef, lui dira "ici, on va vous apprendre à vivre!" Elle va avoir 14 ans et pèse moins de 30 kg. Les médicaments lui ont coupé son appétit. On l'emmène à la cuisine, on lui montre la vaiselle de la journée, une montagne..Voilà ton travail! Francine répond qu'elle ne saurait pas le faire, il y en a trop.
Elle va se retrouver, liée sur son lit, jambes et mains liées par sangles. Dans cette chambre de 12 lits, 6 autres patientes sont liées de la même façon! Elle sera maintenue dans cet état pendant 3 mois. Ni pour les besoins hygiéniques, ni pour manger, elle ne quittera son lit, on détachera une seule main pour manger. Après 3 mois, on s'occupera de soigner les escarres, aux talons, aux fesses, aux coudes. Un kiné devra lui réapprendre à marcher.. Détruite, nourrie de force par tube, elle travaillera à la cuisine, mais sera encore, à plusieurs reprises, liée sur son lit, mais moins logtemps.
Elle restera 10 ans dans cet Enfer! Elle était la plus jeune de toutes les patientes. Cet établissement a été remplacé, il y a quelques années par un hôpital.

Après des transferts dans d'autres instituts, elle se retrouvera dans un institut de la Région Bruxelloise. Là, elle fera connaissance avec un triste personnage (et moi aussi, qui rend visite à Francine depuis 2 ans environ). L'infirmière en chef du pavillon où elle est arrivée, ne tolère rien. Elle reçoit Francine par ses mots "Mlle, le cabanon existe aussi pour vous, ça doit aller comme je veux!" Elle se retrouvera vite au cabanon et plusieurs fois, souvent 5 jours, parfois nue.
Il y aura pire, en Janvier 93, le psychiatre, l'infirmière en chef et 2 infirmières vont se relayer, pendant 4 heures pour l'obliger à écrire à ma femme et à moi, une lettre contre sa volonté, nous demandant de cesser nos visites. Le compte rendu de ce scandale est relaté dans le bulletin de "L'AUTRE LIEU" de mars 2001. J'ai déposé plainte auprès du Ministre de la Santé de l'époque, Mr Jean Louis THYS. Il m'a répondu qu'une enquête sérieuse serait faite auprès des parties en cause. La psychiatre chargée de l'enquête n'a rencontré que les soignants, psychiatre compris, lesquels auraient dû être condamnés en vertu de l'Arrêté-royal du 26/6/90 sur la Protection des malades mentaux.

D'après le psychiatre Claude MIEVILLE, médecin-chef du secteur psychiatrique EST-VAUDOIS, SUISSE "Une des tentation les plus dangereuse que peut rencontrer le soignant, LE DESIR DE DOMINER LE PATIENT". Ce qui est en nette contradiction avec l'article 32 de l'arrêté royal précité qui dit entre autres "qu'il faut favoriser la santé physique et mentale, les contacts familliaux et sociaux, ainsi que son épanouissement culturel."

La Recommandation 1235 stipule "l'isolement des patients doit être strictement limité, aucun moyen de contention mécanique ne doit être utilisé." Donc, le cabanon ne doit pas être utilisé à punir! A ce sujet, lire dans le Bulletin de l'ASBL "L'AUTRE LIEU" de juin 2002, la carte blanche que j'ai rédigée sur le suicide en milieu psychiatrique. elle vient d'être envoyée sur internet.

B)Cas de Dominique. Dans les années 80, elle va se retrouver dans l'institut de la Région bruxelloise précité. Elle a de la dignité, elle ne cèdera pas aux ukases d'un psychiatre qui veut dominer ses patients. Elle passera 3 mois au cabanon, sans en sortir !

C)Cas de Ghislaine: Personne très intelligente, cadre dans une société d'assurances. L'arrivée de l'informatique et des ennuis familiaux, provoquent une dépression. Elle va se retrouver en face de l'infirmière en chef, qui lui dira, le 1° jour "pour vous aussi le cabanon existe." Ne supportant pas d'être humiliée, Ghislaine va fréquenter le cabanon trop souvent! Combien de fois, lors de mes visites de quinzaine, entendrai-je "vous ne pouvez pas la voir, elle est au cabanon. Puis, on arrivera à m'interdire l'entrée dans l'institut, parce que j'avais donné des cigarettes à des patients qui étaient venus vers moi bavarder...Plus tard, j'ai retrouvé Ghislaine dans un bon home du centre. Elle était détruite. Elle s'est jetée par la fenêtre du 5° étage. Elle avait 70 ans. Sa famille était aussi responsable, pas de visite quand elle était en Enfer. Aux funérailles, ils étaient plus de 50....

D)Les deux jumelles se sont retrouvées à des moments différents, jetées à la rue. elles paniquent et me téléphoneront. J'irai les chercher et trouverai une solution après avoir parcouru 120 km dans un cas et 170 dans l'autre. Merci à l'infirmière de liaison du service des Urgences, à Ste Camille à Namur (le 14/2/00). Merci au psychiatre des Urgences à St Luc, à Woluwé. (le 6/9/99)

Depuis 1990, j'écris aux décideurs, je rédige des notes détaillées (1996 et août 2000), j'ai l'impression de parler dans le Désert! dans une plainte adressée à un Ministre, j'écris "le soignant qui pousse le malade au suicide, doit être sanctionné!"
La SOCIETE NE VEUT PAS SAVOIR ! Or, dans les conditions de vie actuelles, personne ne peut jurer, qu'elle ne se retrouvera pas en Psychiatrie. Même les enfants. C'est inquiétant.

Le 12/2/02, j'ai écrit au Ministre de la Justice, Mr Verwilghen pour qu'il prenne une décision concernant l'Arrêté-royal du 26/6/90 "Loi relative à la Protection des malades mentaux" signé par le Ministre de la Justice de l'époque, Mr Wathelet. Très bon texte, tout y est, le respect dû aux malades et les sanctions, amendes et peines de prison, en cas d'infractions à une douzaine d'articles! MAIS trop de soignants, psychiatre compris ne se soucient pas de le respecter, de même que les services d'inspection de la Région bruxelloise. lors des journées d'étude des 2 ET 3/12/94, Mme ABELOOS, responsable pendant 30 ans des services d'inspection, a déclaré "Effectivement, actuellement cette inspection n'a plus lieu et les inspecteurs n'ont plus l'occasion d'effectuer leur travail."
Résumons: Si cet Arrêté-royal avait été appliqué dans le cas de la plainte relative au cas de Francine, alors, médecin-chef et 7 autres personnes dont 2 psychiatres auraient été sanctionnés. (en plus de mon témoignage, il y a celui du psychiatre qui a été témoin de l'état dans lequel elle est arrivée dans un centre neurologique de Brabant wallon. Son état s'était tellement dégradé dans l'institut de la Région bruxelloise , qu'incapables de la soigner, ils ont dû se résoudre à l'envoyer ailleurs..La Direction du Centre a pris la décision de ne pas la renvoyer d'où elle venait.

Il ne peut y avoir de discriminationau point de vue loi sur la Protection des malades, entre les malades envoyés par la Justice en psychiatrie et ceux, entrés librement. En Wallonie, l'inspection fonctionne. L'établissement qui avait pratiqué les mêmes traitements dégradants à Francine, a été fermé après enquête, suite à ma plainte. Mr Taminiaux, Ministre à l'époque avait pris les problèmes avec sérieux.

Dans sa lettre du 27/04/02, Mme Aelvoet, Ministre de la Santé, me faisait savoir qu'elle ne doutait pas que Mr Verwilghen, prendrait des mesures nécessiares.

Conclusion : Nous espérons que Mr le Ministre de la Justice prendra les mesures nécessaires pour que l'intitution psychiatrique retrouve un visage HUMAIN et pour mettre au point une procédure de plainte.. Mr Colla, Ministre de la SANTE à l'époque, me faisait savoir (lettre du 3/12/96) que le Département Fédéral de la Santé y travaillait déjà.

Robert Wets
Administrateur de l'ASBL "VMEH"
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Les suicides en milieux psychiatriques
Robert Wets

 


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Parmi les malades mentaux que je visite régulièrement depuis 1987, il y en a qui ont effectué à plusieurs reprises des tentatives de suicide, sauvés in extremis par une infirmière lors d'une récidive, handicapée à vie, lors d'une défenestration. Une autre malade, âgée de 70 ans, s'est tuée en se jetant du 5ième étage d'une bonne maison de repos alors qu'elle venait à peine d'y arriver.Plus récemment, deux sœurs jumelles, victimes de parents pédophiles, ont tenté de se suicider. L'une en février 2000 fut sauvée par une infirmière. L'autre, en 2001, fut sauvée par sa sœur qui a fait appel à la police de Namur.Avant d'aborder les causes qui mènent au suicide, je cite ce qu'ont dit deux professionnels de la santé :
Madame Françoise Dolto : "La pulsion de mort, c'est l'individu qui est sans relation avec le monde extérieur. Le sujet meurt de n'avoir pas de relation."
Le docteur Franco Battaglia, psychiatre réputé : "Tous les médicaments du monde ne valent pas une relation humaine."Tout est dit ! Alors pourquoi des suicides en psychiatrie ? Les malades se trouvent dans une unité avec 20 ou 25 malades et avec des soignants. Aussi incroyable que cela puisse paraître, beaucoup de malades peuvent se trouver dans un isolement affectif et social.Voici les causes pouvant mener le malade vers le suicide :
Le pire c'est le point A) ajouté au point B). Dans ce cas, le malade va avoir très difficile à retrouver la société.
Il existe des soignants et parfois des psychiatres qui veulent à tout prix dominer le malade, afin que le calme règne dans l'unité ou pour ne pas être dérangés. Ce type de soignant ne veut pas être à l'écoute du malade. Il le considère comme incapable de raisonner. Le soignant donne les médicaments, les piqûres, conduit le malade au cabanon et parfois l'attache au lit. Une de "mes" malades a passé trois mois au cabanon dans un institut de la région bruxelloise ! Le psychiatre voulait absolument briser sa résistance et sa dignité. Cet individu, par la suite, a obtenu une promotion. Dans ce même institut, l'infirmière en chef accueillait tous les nouveaux malades par "Pour vous aussi, le cabanon existe."Le séjour au cabanon a un effet très négatif sur le moral du malade. Il va vivre un cauchemar. Avec personne à qui parler, il va ressasser ses mauvais souvenirs. Il va être angoissé de plus en plus. Il va souffrir, être ignoré, humilié, en un mot rejeté. Il ne pense plus à l'avenir. La joie de vivre a complètement disparu. Même s'il a des amis dans l'unité (ce qui n'est pas toujours le cas), l'ambiance négative va peu à peu le dépersonnaliser. E temps aidant, même s'il n'est pas suicidaire, une humiliation supplémentaire suffira pour qu'il passe à l'acte.Quarante patients d'un institut psychiatrique classique ont été transférés auprès de familles d'accueil. Ils prennent part à toutes les activités des familles d'adoption. Après deux ans de séjour, quel changement ! Ils étaient plus joyeux, ils se sentaient mieux. Ces gens s'étaient épanouis. (source :magazine Profil)
Quelles différences avec les malades encasernés, renfermés sur eux-mêmes.Dans "Le Soir" du 10 mai 1989, il était dit que la psychiatrie se voit en danger permanent de non respect des droits de l'homme !… Que fait la commission scientifique et éthique ? dont on parle dans le journal…On dit que les thérapies en vigueur seront analysées !Témoin des souffrances des malades que je visite, je ne vois pas de progrès !Afin d'éclairer notre lanterne, nous avons consulté les cahiers de l'infirmière (éditeur : Masson - Paris). Extraits : "Le risque suicidaire est présent dans toutes les formes de dépression. Toute menace de suicide, toute tentative de suicide mérite la plus grande attention, elle doit être reçue comme un appel à l'aide pour lequel le soignant est parfois le dernier recours ! Un quart des patients est récidiviste. Le rejet ou l'absence d'écoutepeuvent entraîner une escalade dans les moyens mis en œuvre .
L'accès mélancolique est un état dépressif sévère au cours duquel le risque de suicide est majeur. Le rôle de l'infirmière dans ce cas est important. Une surveillance attentive du patient est nécessaire. Mais c'est surtout une présence constante et rassurante qui permet de limiter le risque de suicidaire."Il faut toutefois préciser que cela exige, à notre avis, du personnel supplémentaire et compétent, face à ce genre de problème.
Il est clair que le soignant qui refuse d'écouter un malade peut être accusé de non assistance à personne en danger. "Le Soir" du 10 mai 02 cite le cas d'une famille d'un suicidé qui porte plainte pour non assistance et négligences graves. Cela s'est passé dans un institut psychiatrique à Liège.Bonne nouvelle, le Ministre de la Santé, Mr Tavernier, nous a confirmé par écrit (lettre du 14/02/03) qu'il n'y a pas de discrimination en ce qui concerne la loi sur la protection des malades mentaux (A.R. 26/06/90).Cet Arrêté-Royal s'applique également aux malades envoyés par la justice et aux malades entrés librement. Cet Arrêté prévoit des sanctions en cas d'infraction : amendes, peines de prison voire suspension de 6 mois à 2 ans pour le médecin chef.Propositions de remèdes : Les soignants qui ont pris l'habitude de dominer les malades n'ont pas leur place en psychiatrie. A diriger vers d'autres disciplines.
La loi du silence doit être combattue par l'arrivée d'un système d'inspection comme recommandé par l'Assemblé Parlementaire de Conseil de l'Europe en avril 1994. Cette commission doit être indépendante du système actuel qui parle d'un médiateur. Si celui-ci est au service de la plate-forme de concertation pour la santé mentale, ça ne va pas. Un médiateur doit être indépendant.
La commission indépendante devrait recevoir la plainte du patient, avoir accès sans entrave à celui-ci. Elle effectuera une enquête sur chaque suicide.
Il faut intervenir du côté des familles qui ont abandonné leur proche (70%). Peut-être légiférer ? Cela est lourd de conséquences pour le malade oublié !
Quid de la procédure de plainte (le Ministre Colla m'en avait parlé en 1996). Les malades devraient recevoir la liste de leurs droits.
Le cabanon sert en cas de crise, donc temps de séjour limité . Il ne doit pas être utilisé comme punition.
Augmenter les distractions, les jeux, le sport, la natation, le volley, le ping-pong, faire des causeries et DEMANDER aux malades ce qu'ils aimeraient faire.L'avenir ?
L'OMS prévoit que d'ici 2020, les maladies neuro-psychiatriques représenteront 73% des diagnostics. Déjà, les jeunes de moins de 16 ans se retrouvent en psychiatrie. Le stress de tous les jours dû aux conditions de vie difficiles amènent de plus en plus de gens normaux en dépression. J'ai rencontré des enseignants en psychiatrie !
Alors, il faut tout faire pour que l'ambiance en pavillon psychiatrique soit bonne !
Il faut prendre le taureau par les cornes. Il faut rendre au malade leur dignité.
Je visite régulièrement 7 malades. 2 ont 20 ans de présence, 2 autres en ont 25. Ces dernières sont rentrées en psychiatrie à l'âge de 13 ans. J'ose affirmer que sans mauvais traitement, elles en seraient sorties et n'auraient pas chacune 6 ou 7 tentatives de suicide à leur actif.
Si rien ne bouge, si le silence règne, alors le nombre de suicides va croître. Mon expérience ne m'incite pas à l'optimisme. D'autant plus que le compte rendu d'une séance d'une plate-forme de concertation m'a choqué. Cette gamine de 11 ans, un an en psychiatrie, après avoir été refusée dans 3 établissements. On a du avoir recours à M. Claude Lelièvre. A la lecture de ce document, il est clair qu'il y a urgence à mettre en fonction le service d'inspection, cité plus haut.

Robert Wets
Administrateur de l'asbl VMEH (Visites au Malades En milieu Hospitalier),Carte Blanche parue dans le Bulletin de Liaison de l'asbl RAPA Recherche-Action sur la Psychiatrie et les Alternatives, juin 2002, p. 33 à 37.
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