La journée, elle se poursuivait, à longueur d'ennui, un ennui qui me conduisit à m'intéresser à Alibaba. Il avait un énorme bide, " un bide de merde ", comme il disait lui-même et moi de rectifier, on ne s'insulte pas, on se respecte. Quant à son cerveau, c'était du fromage, comme il aimait à le répéter, s'esclaffant en ce moquant de lui-même. Il était là pour des raisons de polytoxicomanie, il avait déjà essuyé trois overdose, la troisième lui risquait d'être fatale. Il ne comprenait pas pourquoi, à son insu, il dormait, comme la plupart d'entre nous, se réfugiant dans ses plumes. Je lui parlais toujours de mes projets farfelus et délirants, de m'installer à Sao Paulo et lui de me répliquer, toujours à mes dépens : " Carliocas " et moi de lancer mon cri de guerre, " Polista ", et ainsi de suite jusqu'à la tombée de la nuit.
Puis vient, ou plutôt survient sa Sainteté, moine moitié défroqué, moitié en odeur de sainteté : ayant toujours dans sa poche, les mémoires de sainte Thérèse de Lisieux, les mains jointes, il priait à longueur de longueur, psalmodiant un discours pseudo théologique, bénissant d'une huile aussi sainte qu'imaginaire les pauvres pêcheurs que nous représentions en nous-mêmes comme les brebis égarées du troupeau de Dieu. Il s'affolait, s'étirait, s'allongeait. Je lui reprochai son inertie chronique il me répondait que seul les médicaments étaient responsable de son behaviorisme. Lent de réaction, son credo c'était Dieu, commencement et fin de toute chose sauf de sa Sainteté.
Patrice Vareltzis
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