Programmation et Séminaire au Musée du Cinéma à Bruxelles

Samedi 4 Mai 2002

De 9H30 à 17H30

 

La Fascination de la Corruption

Les héroïnes maléfiques dans le Mélodrame américain

(1940-1953)

Leave Her to Heaven (John M. Stahl, 1945)

 

Dans le cadre du programme Maléfiques de Mai, Muriel Andrin, auteur d’une thèse sur le sujet à l’Université Libre de Bruxelles et Maitre de conférences à l’Ecole Supérieure des Arts Visuels de La Cambre, abordera cette problématique sur base d’extraits et de projections intégrales de films.

Larmes, sacrifices féminins, pathos. Le Mélodrame, tout comme ses héroïnes, a depuis longtemps été classé et confiné à ces caractéristiques par des théoriciens francophones qui ne le considèrent comme un possible objet d’analyse que lorsqu’il est intégré dans une politique auteuriste. Pourtant, et peut-être paradoxalement, le genre dépend, depuis ses racines théâtrales, d’un principe énoncé par Peter Brooks :  le mal est moteur de l’action. Partant de cette perspective, j’ai cherché à définir un nouveau sous-genre, le Mélodrame Maléfique, qui s’articule autour d’un personnage principal incarnant le Mal, à savoir l’héroïne maléfique.

Emblématique d’un état paranoïaque né dans les années 40 qui implique la nécessité de dénoncer tous les ennemis de l’état y compris ceux qui séjournent dans les foyers américains, l’héroïne maléfique est aussi l’illustration parfaite de la logique programmatique du Mélodrame. Elle combine ainsi une prédétermination à la fois narrative et stylistique. Mais est-elle uniquement cette représentation programmatique de contre-exemple désirée par ses producteurs ? Quel est dans cette perspective le jeu et l’apport des structures mythiques qui la définissent ? Enfin, quel est l’effet créé par l’interprétation de stars hollywoodiennes dont le pouvoir d’identification et de fascination semble en contradiction avec le principe moralisateur initial ?

 

Programme

3 Mai

18H15 : Présentation de la rétrospective & du film The Letter (William Wyler, 1940).

4 Mai

9H30 à 17H30 : Séminaire La Fascination de la corruption avec projection intégrale de Beyond the Forest (King Vidor, 1949)

18H15 : Présentation et projection du film Ruby Gentry (King Vidor, 1952)

20H15 : Projection de Leave Her to Heaven (John M. Stahl, 1945).

 

Beyond the Forest

King Vidor, 1949, noir & blanc, 96'

King Vidor filme les états d’âmes et les frustrations de Rosa Moline (Bette Davis), épouse d’un médecin exemplaire mais faible (Joseph Cotten) et maîtresse d’un riche industriel qui la considère comme un passe-temps. Refusant de se plier au destin d’épouse ou de mère modèle, Rosa tentera par de violents soubresauts d’échapper à sa propre vie. Dernier film de la période Warner pour Bette Davis, le film illustre à la fois les caractéristiques du mélodrame maléfique et la possibilité d’un double discours transgressif par le biais de la star qu’il met en scène. Davis joue ainsi sur sa propre image médiatique à l’aide d’attributs physiques et d’un jeu outrancier, voire volontairement grotesque, au risque d’ébranler la critique de l’époque.

Leave Her to Heaven

John M. Stahl, 1945, couleur, 111'

Présenté sous l’égide d’un récit encadré moralisateur, l’histoire de l’amour obsessionnel, miné par le jalousie et finalement meurtrier d’Ellen Berent (Gene Tierney) pour Richard Harland (Cornel Wilde), jeune écrivain naïf, fasciné par la beauté sans faille de sa séductrice. Rehaussant ses effets de mise en scène par l’emploi d’un flamboyant Technicolor, John M. Stahl fait de Gene Tierney une figure iconique, à la fois héritière d’une lignée de mythes préexistants qui jouent sur le rapport entre la femme et le mal (Eve, Pandore, Méduse) et représentation d’une nouvelle forme de mythification.

Ruby Gentry

King Vidor, 1952, noir & blanc, 82'

Le film retrace l’amour impossible, symbolisé par un marais stérile, de Ruby Gentry (Jennifer Jones), née " du mauvais côté de la barrière ", et de Boake Tackman (Charlton Heston), jeune homme divisé entre ses sentiments et sa classe sociale d’origine. Déchirement des personnages qui se retrouve également dans le traitement du genre puisque le film de King Vidor, mélodrame maléfique, se voit émaillé de composantes tragiques qui annoncent la fin du genre.

 

Inscriptions et renseignements

12,5 Euros (6,25 Euros pour les étudiants) comprenant l’entrée aux projections de 18H15 et 20H15 le 4/05, à verser au compte n° avec la mention " Séminaire Maléfique + Nom et prénom + n° de téléphone " jusqu’au 30 Avril 2002.

Service de Culture cinématographique, Isabel Biver, 73 Galerie Ravenstein, 1000 Bruxelles – Tel. : 02/507.84.00, Fax : 02/513.12.72 – E-mail :

 

 

Le programme de la rétrospective Maléfiques est disponible au Musée du Cinéma, 9, rue Baron Horta, 1000 Bruxelles.