Le village nous libérait de temps à autre d’une sortie jardin. Dans ce jardin d’Eden à l’ombre des jeunes arbres en fleurs, se promenait Rastopopoulos. Hirsute dans la tête, il complexait des préjugés enfantins. Un peu enrobé il se mirait tel Narcisse dans une image aux mille préjugés : « Regarde comme je suis fort Pain d’épices, regarde comme je suis fort ». Et comme pour se rassurer, il prenait la pose, roulant des mécaniques rouillées jusqu’à la moelle. De plus, orthodoxe jusqu’à la même moelle, il était mystique... Tel un moustique il se piquait de visions angélique d’apparition de la Vierge Noire. Celle-ci le consolait d’une élection merveilleuse car selon lui il était l’élu. Ce couple diabolisé avouait en confidence aux oreilles condescendantes, l’apparition magique de sa propre transcendance. De plus, il me demandait toujours l’autorisation de l’accès à la cafetière. Une fois de plus je lui accordais ma bénédiction : café à volonté, comme nous avons peu de volonté, il se trouvait peu de café, consommé jusqu’à l’épuisement : Rastapopoulos était alors au paradis. Nul n’ignore son délire mystique. Le problème c’est qu’il s’adressait toujours à des athées. Que Dieu bénisse Rastapopoulos ainsi soit-il.

Patrice Vareltzis

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